Des femmes et des couleurs

C'est Françoise qui m'en avait donné l'envie dans son billet très documenté, et je l'en remercie ! J'ai pu, juste à temps, me régaler de l'exposition "Femmes peintres et salons au temps de Marcel Proust", la veille de sa fermeture. Je m'attendais, compte tenu de ce dernier point, à un record d'affluence et à quelques désagréments... Je dois dire que passée la longue et inconfortable file d'attente, le musée est assez spacieux pour que chacun profite à loisir et à son rythme des trésors qui y sont exposés.

Je ne vais pas paraphraser le dossier de presse  (que j'avais étudié avant ma visite), ni plagier l'article de Françoise. Je vais seulement tenter de vous donner quelques impressions. J'aime le Musée Marmottan Monet, découvert il y a quelques années. Il est simple et sans prétention, malgré les sommes de talents qu'il abrite. Je m'y sens presque chez moi... ce qui est rare dans un musée ! Peut-être la proximité des immeubles (bourgeois) qu'on aperçoit par les fenêtres y est-elle pour quelque chose. La disposition des pièces aussi, nous permet d'imaginer que nous sommes dans "notre" petit salon. Il n'est ni intimidant, ni compassé, ni artificiel. 

Je l'ai déjà écrit, ici ou ailleurs, je n'y connais rien en art et en peinture. Je suis bien incapable de théoriser sur un tableau et j'avoue humblement que ça m'agace quelque peu quand je lis trois pages d'explications pompeuses et prétentieuses sur une oeuvre. En revanche, je suis capable de ressentir des émotions (parfois violentes, voir mes billets à propos de Van Gogh ou de Giverny), dont je n'ai pas envie qu'elles soient intellectualisées. Et en revanche aussi, j'aime beaucoup l'émission "D'art d'art" qui explique en quelques mots le contexte d'une oeuvre. Comme je ne recule devant aucune contradiction, j'ai la collection complète de "Palettes" d'Alain Jaubert, dont je me régale :-) ! Et je suis abonnée à Artmagazine, ce qui pour les experts est sûrement le summum de la beaufitude, mais ce qui me permet de faire mon marché dans les expositions que je voudrais découvrir, et accessoirement d'en savoir un peu plus dans le domaine de l'art.

Mais revenons à nos moutons,  c'est-à-dire aux mondanités évoquées dans le titre de l'exposition. Rappelons que celles-ci, pour agréables qu'elles furent sans doute, ne concernèrent qu'une infime partie de la société française de l'époque. Et que le temps de Proust n'est pas si loin de celui de Zola, même si la protection des chefs-d'oeuvre et des artistes doit davantage aux "Jeunes filles en fleurs" qu'à "l'assommoir"...

J'attendais avec impatience de retrouver Berthe Morisot, (dont j'aurais presque honte de dire que je ne la connaissais pas il y a 3 ans, si je n'avais écrit ce qui précède), comme on retrouve une lointaine cousine. Petite déception, je ne vois pas le tableau qui fut mon coup de coeur d'alors, longtemps admiré au rez-de-chaussée, qui ne pouvait s'appeler autrement que "Le Cerisier". Il ne me fallut que quelques instants pour le retrouver, installé cette fois au premier étage. Et d'autres longs moments pour m'en imprégner pleinement.

Berthe MORISOT (1841-1895) - Le Cerisier,  1891

De cette exposition, je retiens aussi les nombreux tableaux de Madeleine Lemaire, que je ne connaissais pas du tout, mais dont j'ai découvert la douceur et la simplicité. Fleurs, fruits, robes de jolies dames, la vie semblait tranquille et facile... Le premier choix de tableau est le mien, fraicheur, sérénité et gourmandise.... un idéal à atteindre ! Le deuxième est celui de Flore-Anne peut-être pour se souvenir de son attirance pour le stylisme.

Madeleine Lemaire (1845-1928) - Le Printemps, roses et framboises, 1886-1887

Madeleine Lemaire (1845-1928) - Portrait de Marie de Bénardaky, vers 1887-1889

La grande salle du sous-sol expose une quantité impressionnante de tableaux de  Claude Monet, dont celui qui fut "à l'origine" de l'impressionnisme, ainsi que des oeuvres parcourant toutes les étapes de création du Maître.

  Impression Soleil Levant - 1873

Et le logo du musée, une jolie trouvaille graphique.... 

Mais comme rien ne saurait être parfait dans ce monde, quelques bémols dans cet enthousiasme... Les panneaux informatifs jouxtant les tableaux sont collés au mur par du "patafix". La chaleur aidant, les panneaux se décollent et glissent le long de cette matière jaunâtre qui apparait alors dans toute son inélégance. A côté de certains tableaux même, de grosses boules de cette pâte subsistent d'accrochages antérieurs ! La grande salle "Monet", au sous-sol est un espace de tranquillité où tout devrait être beauté et pureté... Mais quand on prend le temps de s'installer sur les bancs et de parcourir des yeux les toiles... et les murs, on s'aperçoit que de grandes trainées noires  maculent les portes, les murs et les poteaux, qui en disent long sur l'état de propreté des mains qui s'y posèrent. L'oeuvre de Monet mériterait un écrin plus soigné ! Et le catalogue de l'exposition n'était plus disponible depuis de nombreuses semaines déjà, quel dommage...

Quoi qu'il en soit, je remercie encore infiniment Françoise (Autour du puits) de m'avoir rappelé cette exposition, qu'à coup sûr j'aurais ratée si elle avait fait son billet quelques jours plus tard !

Pour les inconditionnelles, et si vous ne le trouvez pas dans votre librairie préférée, on peut encore  commander le catalogue  ici  (oui je sais, moi aussi je préfère les librairies indépendantes !).

Quelques impressions : "C'est important de s'exprimer... à condition que les sensations soient vraies et proviennent de sa propre expérience. ” Berthe Morisot