Vincent Munier, je le connais
depuis longtemps, bien avant qu’il ne soit connu du grand public. C’est l’un
des meilleurs photographes animaliers du monde, n’ayons pas peur des mots. Sylvain Tesson, je l’ai découvert il y a peu.
A l’occasion du livre qu’il avait fait paraitre après leur voyage au Tibet,
livre opportunément titré « La panthère des neiges » qui lui valut le
prix Renaudot en 2019.
Un voyage commun entre ces deux-là, quand on connait l’un et qu’on découvre l’autre,
c’est un peu le mariage de la carpe et du lapin, entre le taiseux Munier et le
bavard Tesson, entre le réservé Vincent et l’extraverti Sylvain, et
probablement entre l’ascétisme de l’un et l’épicurisme de l’autre. C’est
Vincent Munier qui en eut l’idée, demandant à Sylvain Tesson de l’accompagner,
pour écrire les légendes de son futur livre de photos, autour du Tibet et de la
panthère.
Ce film je l’attendais
avec d’autant plus d’impatience qu’il est peu distribué dans nos contrées
reculées de la banlieue est. Et si les deux précités attendent le félin sur les
hauts sommets du Tibet, de mon côté je guette « La Panthère des neiges »
dans toutes les villes environnantes, souvent sans succès. Alors quel bonheur, enfin, à Chelles ! Je n’ai pas ressenti le besoin de lire les
critiques cinéma, mais je me suis délectée des avis (bien plus éclairés) des spectateurs.
Dans cette petite salle de quartier où nous ne sommes que cinq, la distanciation
sociale est parfaitement respectée. Je suis partagée entre l’envie que ce film
attire les foules et remporte le succès qu’il mérite, et le souhait que chacun
le voie dans ces conditions idéales, dans un silence presque religieux., face
au grand écran.

On aurait tort de se
contenter d’attendre la star annoncée. On manquerait toutes les magnifiques
images (de MARIE AMIGUET, trop peu citée à mon sens) de paysages, de vent, de
brumes, d’animaux merveilleux : yacks « préhistoriques », manul,
renard du Tibet, cette sorte de loup aux yeux bridés, troupeaux de bharal,
marmottes, âne sauvage, antilopes, rapaces, accenteurs (probablement accenteurs
de l’Himalaya), peut-être des bruants, et même des huppes fasciées ! Leur
allure, leurs regards à tous sont tout simplement fascinants.

Ce fut le moment pour
Tesson de regretter (ou constater seulement) « l’incroyable indifférence
avec laquelle j’ai traversé les paysages », lui, le grand voyageur. « J’ai
été vu et je n’en savais rien ». Ainsi demande-t-il à Vincent Munier « Il
faut avoir une bonne vie intérieure quand tu fais des affûts tout seul… ça doit
mouliner sévère du ciboulot ?» Un regard étonné et lumineux lui répond :
« jamais, à aucun moment. On se sent là où on doit être ». On imagine que le retour à la vie (je ne
trouve pas le mot adapté : normale, réelle, civilisée … aucun ne me parait
convenir) doit être un peu compliqué…
Je vous laisse découvrir
la suite de « ce qui était pour moi un
rêve, et pour lui un rendez-vous ». Regardez bien les photos (site
internet du film : https://www.hautetcourt.com/films/la-panthere-des-neiges/
) cherchez bien, sur chacune d’elle il y a au moins un animal ;-)
Quant à moi, après Chelles il y a deux jours et Lagny aujourd’hui, je suivrai
la trace de la panthère la semaine prochaine à Aulnay. En attendant qu’elle pose ses pattes juste en bas de chez moi, en février. Je ne serai jamais rassasiée de tant de
beauté.