mercredi 4 mars 2009

Le printemps des poètes



Bien sûr, ce serait mieux si c'était leur fête tous les jours. Mais on ne va pas bouder son plaisir, et profiter de quelques animations, pour cette fête dont le thème est, cette année, le rire... Il faut au moins ça, parce qu'il n'y a pas toujours de quoi rigoler au quotidien.


Parmi les nombreuses rencontres proposées, j'en retiendrai deux :


- à Beton-Bazoches (Seine et Marne) le 14 mars, "l'école poétique", avec exposition artistique, atelier d'écriture, arbre à poèmes... Un petit village montre ainsi son dynamisme... et celui de ses enseignants. Et puis, Beton-Bazoches, c'est le village de mon oncle Bernard, qui y a tenu pendant des années le café-restaurant auberge "Le Progrès", accompagné de Renée.


- Le Musée d'Art et Histoire de Saint-Denis propose le 8 mars une promenade dont le thème "La femme entre extase et humour noir" se situe fort à propos entre le rire du printemps des poètes et la journée internationale de la femme ! Avec en particulier une balade à travers les collections léguées à la ville par le poète dyonisien Paul Eluard. (il y a aussi une évocation de Sainte Thérèse, puisque d'une part on se trouve au Carmel, et d'autre part elle a mis, parait-il, en émoi les surréalistes...). Bon chacun verra ce qu'il voudra.



Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, cette semaine, Télérama est illustré par Sempé





Autre poème, un peu plus souriant :-)


A quoi tu penses ?
Je pense que certaines filles maigres comme des clous me rendent marteau.

A quoi tu penses ?
Je pense que si quand un avion s’écrase, tout est détruit sauf la boîte noire, on ferait bien mieux de voyager en boîte noire.

A quoi tu penses ?
Je pense qu’il ne se passe sans doute rien dans la tête d’une poule qui trouve un couteau.

A quoi tu penses ?
Je pense qu’heureusement, il n’y a qu’Orly et Le Bourget pour être des marques de collants. Tu te vois toi porter des Charles de Gaulle ?

A quoi tu penses ?Je pense que j’avais noté une pensée extrêmement drôle sur mon carnet, mais je n’arrive pas à me relire.

Hervé Le Tellier
Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable, Le Castor Astral, 1997






Et comme décidément, il n'est pas facile de trouver un poème "riant", même sur le site du Printemps, j'ai choisi un texte de Boby Lapointe, qui a le mérite de mêler la poésie du verbe à la généalogie ;-))



Le papa du papa du papa de mon papa
Etait un petit pioupiou

La maman du papa du papa de mon papa,

Ell', ell' était nounou

Lui son nom, c'était Aimé Dépèch'

Et elle s'appelait Amélie Vite
Et attendez, attendez vous allez voir la suite...



Le papa du papa du papa de mon papa
S'affolait pour les mollets
D'la maman du papa du papa de mon papa,
Qui rêvait de convoler

Quand Aimé lutinait les jolis
Mollets moulés de la molle Amélie
Ell' frétillait, tortillait comm' l'anguille alanguie



Et de fil en aiguill' il est arrivé ce que vous pensez
Aimé a pris d'assaut les faveurs qu'Amélie voulait
lui refuser



Mais l'papa du papa du papa de mon papa
A dit : "J'suis pas un pourceau
J'voudrais pas qu'à cause d'un faux pas un' fill' tombat

Dans l'opprob' du ruisseau

J'vas d'ce pas demander à son papa

La main de la belle Amélie Vite
Qui de ce fait va devenir Amélie Dépêche



Et leur fils, le papa du papa de mon papa

Qu'on nomma : Yvan Dépêche
Eut pour fils mon grand'papa Guilo qui était

un saint
C'était Saint Guilo Dépêch'

Qui en bégayant eut trois jumeaux :

Mon papa, mon tonton Dédé Dépêche

Et ma tata qui s'appell' Dépêch Al-Aline



Tante Aline épousa un Noyau et eut pour fille
Amédée Noyau Dépêch'
Amédée épousant un"bossac"pour devenir bossac de Noyau Dépêch'

A un fils doté de trois prénoms

En souvenir de ses glorieux ancêtres


Yvan-Sévère-Aimé Bossac de Noyau Dépêche

(C'est mon cousin)

Yvan-Sévère-Aimé Bossac de Noyau Dépêche




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Le poème du jour :
"Eloge de l'autre"

Celui qui marche d’un pas lent dans la rue de l’exil
C’est toi
C’est moi
Regarde-le bien, ce n’est qu’un homme
Qu’importe le temps, la ressemblance, le sourire au bout des larmes
l’étranger a toujours un ciel froissé au fond des yeux
Aucun arbre arraché
Ne donne l’ombre qu’il faut
Ni le fruit qu’on attend
La solitude n’est pas un métier
Ni un déjeuner sur l’herbe
Une coquetterie de bohémiens
Demander l’asile est une offense
Une blessure avalée avec l’espoir qu’un jour
On s’étonnera d’être heureux ici ou là-bas.

Tahar Ben Jelloun
Tanger 7 octobre 2007

12 commentaires:

  1. Superbe. Moi j'ai l'impression que les temps sont durs pour les poètes, qu'un poète, on lui fait tous les jours sa fête, mais on s'en rend pas compte, alors il fait de ses troubles une fête. (Chic).

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  2. Les temps sont durs pour tout le monde, mais sans doute plus pour les rêveurs... En parcourant certains textes du "Printemps...", je me disais "tiens, on dirait Chic" ! Merci de parsemer mes modestes billets d'éclats de poésie.

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  3. Les papillons postent souvent sur les belles fleurs ;-)

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  4. Les temps ne sont pas si difficiles quand les vers peuvent tisser librement leur toile de soie. Dur est ailleurs, l'occasion souvent de retrouver en soi l'énergie des mots à mettre sur l'émoi.

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  5. Ben alors c'est le printemps des pouet du rire et tu nous mets un poème triste. L'exil est mon royaume.

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  6. Oh Lulu, c'est vrai. La poésie est pour moi tellement liée à la mélancolie que j'avais même pas remarqué ! Ce poème avait été proposé pour le thème de l'an dernier, l'éloge de l'autre.
    Bon j'en mets deux autres... mais c'est toujours pas l'almanach vermot ;-)

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  7. Zut alors j'avais besoin qu'on m'fasse rigoler
    ;-(
    Comme quoi les poésies rigolottes ne sont pas une évidence. On sera d'autant plus attentifs au printemps du rire !

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  8. Bon, Boby est un p'tit rigolo qui a décidé de me faire tourner en bourrique :-))) Son texte s'affiche n'importe comment malgré mes efforts... Je verrai ça plus tard avec une autre version !

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  9. Et bien voilà ça va tout d'suite mieux ;-)) J'adore Boby Lapointe que je chantonne souvent à mes enfants, en maman des pois(s)ons qui s'respecte !

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  10. Oh Chic, je n'avais pas vu que le papillon se posait là :-) Bon je vais m'efforcer de trouver de jolies fleurs dans le quotidien, alors, au moins pour éviter de le faire fuir ! Et très bientôt, on va pouvoir commencer à en installer quelques-unes sur la terrasse...

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