Oui, le ciel était bleu. D'un bleu pur, parfois presque violet. Juste la couleur qu'il faut pour mettre en valeur les peintures de la ville. J'aime cette diversité, qui ne se conçoit que "dans le sud", que le sud soit provençal ou italien. Il y a autour de mon bureau, quelques maisons qui se sont parées d'ocre foncé, de rose soutenu, de volets pervenche... Ici, elles sont déplacées, alors qu'elles paraitraient charmantes passé le pont d'Avignon !
En bas à gauche de la photo ci-dessous, se trouve la maison natale de Jean Giono. Tandis qu'en bas à droite, la très sympathique librairie indépendante
"Le Poivre d'âne" nous invite à parcourir ses rayons, fort bien pourvus. C'est un plaisir d'en ressortir les bras chargés des coups de coeur des libraires et des nôtres, en espérant que ceux-ci permettront à de tels lieux de continuer à exister.
Difficile cependant d'idéaliser la ville de Giono. Elle est asphyxiée par la circulation automobile, même en cette période pas très touristique, et devient par force, une ville piétonne... puisqu'il est impossible d'y stationner. Et j'ai appris avec consternation que le vandalisme y règne presqu'autant qu'en Ile de France. Les panneaux des "
Sentiers de Giono", qui avaient été aménagés dans la colline ont été détruits à coups de masse... L'imbécillité n'a pas de frontières régionales.
Certains voyages personnels, dans le temps et l'espace, sont périlleux, certaines sources mortifères. Il faut s'accrocher aux couleurs de la vie, aux nuances du ciel, pour y trouver de quoi construire sans saccage.
Ennemonde et autres caractères
Jean Giono
Les routes font prudemment le tour du Haut Pays. Certaines fermes sont à dix ou vingt kilomètres de leur voisin le plus proche; souvent, c'est un homme seul qui devrait faire ces kilomètres pour rencontrer un homme seul, il ne les fait pas de toute sa vie; ou bien c'est une tribu d'adultes, d'enfants et de vieillards qui devrait aller vers une autre tribu d'adultes, d'enfants et de vieillards pour y voir quoi ? des femmes démantelées par les grossesses répétées, des hommes rouges et des vieillards faisandés (les enfants aussi d'ailleurs) et sefaire regarder de haut ? on s'en fiche. Si on veut se faire voir, ça se fera aux foires. Trente ou quarante kilomètres séparent les villages qui restent soigneusement sur les pourtours où passe la route.Dans les terres : hêtres, châtaigniers, chênes rouvres, hêtres de plus en plus énormes et hauts à mesure qu'on pénètre plus profond, rouvres de plus en plus millénaires; loin de tout commerce avec les hommes, des familles de bouleaux, très belles en été, et qui disparaissent, blanc sur blanc, dans la neige; sur les landes, des lavandes, des genêts, de l'alpha, du carex, de la dendelion, puis des pierres, des pierres roulées, comme si jadis, dans ce hauteurs, passaient des fleuves; enfin, au grand large, des pieres plates, sonores comme des cloches, reproduisant le moindre bruit; le saut d'un criquet, le trot d'une souris, le glissement d'ne vipère, ou le vent qui prend appui sur ces tremplins telluriques.Le ciel est souvent noir, ou alors bleu marine sombre, mais l'impression qu'on en reçoit est celle qu'on recevrait du noir; sauf à l'époque où fleurit un réséda sauvage dont l'odeur fine est si joyeuse qu'elle dissipe toute mélancolie. En dehors de cette époque du réséda, le beau temps ici n'est pas gai; il n'est pas triste non plus, il est autre chose; ceux à qui il convient ne peuvent plus s'en passer. Le mauvais temps aussi est très séduisant, il prend tout de suite des allures cosmiques. Il y a du galactique, et même de l'extra-galactique dans son comportement. Il ne peut pas pleuvoir ici comme ailleurs, on sent que Dieu s'en occupe personnellement; le vent y prend nettement en main les destinées du monde. L'orage y modifie ses données : il n'éclaire plus et il ne fait plus de bruit; tous les objets métalliques se mettent simplement à luire; boucles de ceinture, crochets de souliers, agrafes, lunettes, bracelets, bagues, chaînes, etc., il faut se manier avec précaution. On rencontre souvent vingt, trente hêtres superbes foudroyés côte à côte, morts de la tête au pied, carbonisés, debout, noirs, attestant qu'il se passe quelque chose dans ce silence.Les crépuscules sont plus souvent verts que rouges et ils durent très longtemps; si longtemps qu'on est obligé à la fin de s'apercevoir que la nuit est tombée et que la lueur vient maintenant des étoiles. Ici, elles éclairent; elles suffisent pour qu'on se reconnaisse dans un chemin. On en voit peut-être plus qu'ailleurs; ce qui est sûr, toutefois, c'est qu'elles sont plus grosses, l'air y étant pour quelque chose, soit que se pureté, qui est extrême, mette à vif les constellations, soit, ce que certains prétendent, qu'il contienne une matière faisant office de loupe. Evidemment, personne ne peut se flatter d'avoir été par nuit noire au grand large. Dans les cas où elle est prévisible, on se carapate avant qu'elle soit là. Il y a une façon de se conduire envers ce pays, qui a été mise au point par les ancêtres et qui a donné d'excellents résultats, c'est même la seule : on s'y conforme. Chaque accident qu'on a vu arriver, et ils ne se comptent pas, et il y en a d'étranges, viennent tous d'une entorse à ces sortes de règles ou de lois.Rien n'est plus facile par exemple, que d'aller de Villesèche au Pas de Redortier en plein jour, c'est l'affaire d'une petite heure. Le paysage n'est pas encourageant, mais c'est faisable et il n'y faut qu'un peu de volonté, ou de passion (si c'est à la chasse), ou de bêtise (si c'est gratuit). Mais un jour où les nuages sont bas et épais, la nuit tombe, allez-y! Personne ne s'y risquera. (à suivre)
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Est-ce la réponse à la question précédente : le ciel sera-t-il aussi bleu que l'an dernier ? si l'on en juge par tes photos, il est superbe, éclatant et plein de lumière. Beau séjour en Provence donc Odile, et de jolis souvenirs... à l'an prochain ? ou tu y vas plus souvent ?
RépondreSupprimerBienvenue "chez nous", Odile, mais je crains qu'aujourd'hui, ce bleu n'ait viré au gris...
RépondreSupprimerMais en général, ça ne dure pas !
J'espère que tu as fait provision de "ciel bleu" et qu'ainsi tous les nuages ont disparu pour faire place à cette couleur printanière et ainsi apaiser ton coeur.
RépondreSupprimerUne librairie "le poivre d'âne" comme j'aime et comme il en existe encore un peu, heureusement, c'est certainement un bonheur vrai que d'y pénétrer et y respirer.
bon retour Odile,
bises
ps - tes photos sont superbes.
Tempête de ciel bleu.
RépondreSupprimerTes mosaïques sont magnifiques .Il est rassurant ce voir qu'il y a quand même des endroits où l'on "raisonne" l'habitat, afin de ne pas défigurer.
Cette librairie me fait penser à mon libraire que je rencontre au Salon de livre chaque année
Bonne reprise
presque au Sud , juste à la limite je suis..
RépondreSupprimermais la pluie vient ce soir faire mentir tes images superbes ...
pensons fort au soleil pour qu'il revienne!
Bonne soirée.
Allez! je ne verrais que la beauté de ce village, le village si bien décrit par Giono!
RépondreSupprimerBelle escapade dans le sud où il doit faire plus chaud qu'ici!!! Profite bien!
On entend les cigales ? Ca donne envie de prendre un apéro...puis de jouer aux boules, puis de prendre un apéro puis de jouer...
RépondreSupprimerIl était vraiment d'un bleu superbe le ciel de tes vacances ...
RépondreSupprimerJ'espère que tu as fait de nombreuses et belles ballades
Bonne retour et bonne journée
Tes photos sont superbes. Merci Odile.
RépondreSupprimerDidon tu as pris des couleurs !!
RépondreSupprimerJ'espère que tu vas bien et que tu reviens avec plus de forces, de bonne humeur d'enthousiasme, que de nostalgie.
Bises, je vais faire un p'tit feu de cheminée parce que... en mai fait ce qu'il te plait ;-((((((
Le ciel bleu est-il toujours présent ? Profites-en bien Odile. Ici, en Haute-Savoie le ciel est très gris et il tombe des cordes....
RépondreSupprimerJe trouve triste ce que tu dis à propos du saccage du balisage des chemins de randonnée. J'ai du mal à comprendre ce besoin systématique de détruire sans raison valable... C'est vraiment dommage !
J'espère que tu vas bien et je te dis à bientôt !
Suis allée voir le lien et ai appris bien des choses. D'abord le "poivre d'âne" pourrait-être la sarriette, mais c'est aussi une partie du titre d'un très beau livre de souvenirs de la Provence des années 20 de Pierre Magnan : "L'amant du poivre d'âne" ... C'est une région où je n'ai jamais posé les pieds, mais cela me tenterait bien de le lire ...
RépondreSupprimerC'était le bleu de la semaine dernière, mais vous avez toutes pu constater que cette semaine, le climat n'était pas si clément dans le sud !
RépondreSupprimerMichelaise, tu as la réponse à ta question dans mon billet d'aujourd'hui. Je pense que j'y retournerai en septembre !
D'habitude ça ne dure pas Norma, tu as raison... En fait quand je descends, on a le choix entre la pluie sans vent, ou le soleil + le mistral ;-)) Je crois que je sais ce qui me porte le plus sur les nerfs. Tiens d'ailleurs ça me rappelle une question que j'avais posée chez toi :-))
Annick ce sont en effet des lieux qu'il faut (tenter de)préserver... et qui sont bien plus humains et sympathiques que ces usines à livres qui poussent un peu partout.
Tempête sous un crâne, Françoise, tu as tout à fait cerné la question ;-) Il y en a encore quelques unes de ces librairies. Mais si le prix des livres étaient "libérés" (!) comme il en a été question, nul doute que ce serait la mort pour elles. Au Poivre d'Ane, comme ailleurs sans doute, il y a des pétitions à signer qui vont dans ce sens.
RépondreSupprimerBienvenue Croukougnouche ! Eh oui la pluie, le vent... le temps n'a pas été à la fête, cette semaine dans le sud. J'espère que c'est un peu calmé maintenant.
Merci Enitram. Ah Giono... tu vas profiter de la suite dans le message suivant. Les payages et les personnages parfois... dérangeants de réalisme.
Non Chic, on n'entendait pas encore les cigales, enfin pas où j'étais (il faut dire qu'entre la tondeuse municipale et la perceuse du voisin... je n'ai pas eu de chance pour goûter au silence provençal !!)Du coup je me suis vengée sur l'apéro ;-)
Merci Brigitte et Astheval, je crois que cette année, je suis passée au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard !
RépondreSupprimeroui Lulu j'ai pris des couleurs...Ce ne sera jamais à cette source-là que je puiserai enthousiasme et sérénité :-) Moi j'ai rallumé les radiateurs, à défaut de faire un feu au milieu de mon bureau ! Quand même ma bonne dame, y'a pu d' saison...
En fait Oxygène, je suis remontée juste à temps pour ne garder que le souvenir du ciel bleu et du soleil. Le mauvais temps est arrivé après mon départ ! Comme toi j'étais atterrée de constater ces dégradations... Toujours et partout, sans réelle justification (on a parlé de gestes dirigés contre "la mairie", mais ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre que c'est leur propre capital qu'ils explosent comme ça ??)
Je l'ai bien sûr Lily, ce livre-là, et je l'ai acheté chez eux, où il est particulièrement mis en évidence. J'ai adoré la tentative d'autobiographie de l'auteur, j'en mettrai un extrait ici, demain (enfin tout à l'heure !). Et bien sûr tout ce livre qui montre le Manosque des années 20 et qui montre surtout le fossé qui s'est creusé depuis.
Bonne nuit !