Etonnants voyageurs malouins

Aujourd'hui s'est ouvert le festival du livre et du film "Les Etonnants Voyageurs", à Saint-Malo. C'est sa 20e édition, et nombreux sont les irréductibles qui y vont chaque année. Pour moi, ce fut l'occasion, l'an dernier, de découvrir une ville que je n'avais encore jamais "vue" qu'à travers les livres.

La devise des habitants : "Malouins d’abord, Bretons ensuite, Français s’il en reste", mais ici on ne peut être considéré comme Malouin que si trois générations de la famille ont vécu à Saint-Malo... de préférence intra-muros, c'est-à-dire dans la ville ancienne.


Pendant la seconde guerre mondiale, et en particulier les bombardements (alliés) de 1944, la cité corsaire intra-muros a été détruite à 80 %. Elle a été reconstruite à l'identique pour l'histoire et pour le plaisir des yeux.


Sur la place du Québec, Surcouf, "roi des corsaires" semble pointer son doigt vers l'Angleterre, avec qui il avait quelques comptes à régler. C'est à ses pieds que j'ai trouvé un "livre voyageur", déposé là pour que je le prenne et que je lui fasse faire un bout de chemin. Celui que j'ai trouvé (le Capitaine Fracasse) faisait partie du "bookcrossing", et je l'ai déposé quelques mois plus tard à Manosque, près de la maison natale de Jean Giono, où, j'espère, il a poursuivi sa route... En face de l'office de tourisme de Manosque, une phrases de Giono "C'est ici que j'ai décidé de jeter mon encre".... Trop beau pour être vrai, c'est évidemment ici que j'ai décidé de jeter l'encre de Théophile Gautier.

J'avais entendu parler de ces livres qui nous attendent quelque part... mais je n'avais jamais eu la chance d'en trouver un. Quand j'ai vu "Le Capitaine" posé contre la botte du Corsaire, j'étais aussi contente qu'une gamine ayant attrapé le pompon, sur un manège :-) . On peut partir "à la chasse au livre"en étudiant de près la liste de ceux qui nous attendent sur la planète, on peut aussi en lâcher dans la nature, dans un train, dans un musée... Ce que je n'ai pas encore fait en dehors du Capitaine, qui, ingrat, ne m'a plus donné de nouvelles par la suite ! Mais je vais m'y remettre, promis...






Non loin des remparts de Saint-Malo, j'ai vu un chat-garou... Cité corsaire, cité sorcière.


En face de Saint-Malo, Dinard et ses nombreuses maisons bourgeoises du 19e siècle. Les propriétaires n'ayant parfois plus les moyens de les entretenir, plutôt que de les détruire, la municipalité en a transformé certaines en logements sociaux. La classe, les HLM de Dinard !

Il n'est pas difficile de deviner que le Fort de la Conchée a été imaginé par Vauban... Encore un bâtiment détruit par les bombardements de la dernière guerre (de l'autre camp, cette fois, si j'ai bien compris l'histoire). Une vingtaine d'amoureux du lieu a racheté cet ilôt afin de le restaurer. Ce qu'ils font, de leurs mains, depuis 20 ans... C'est ce qui s'appelle avoir de la suite dans les idées et du courage. Chapeau !

Si l'histoire de la ville (mais aussi de la marine marchande, des corsaires, des villes bretonnes comme Nantes et Lorient) vous intéresse, "Ces messieurs de Saint-Malo" vous invitent au voyage. C'est sans prétention mais de qualité. On suit les Carbec sur plusieurs générations, deux auteurs (Bernard Simiot, et son fils, qui a repris le flambeau à la mort de son père) et quatre volumes, avec un grand plaisir. L'idée m'est venue d'en établir la généalogie...

La phrase du jour : "Presque toujours, en politique, le résultat est contraire à la prévision." François-René de Chateaubriand ; né à Saint-Malo en 1768 ; mort en 1848, il est enterré sur le Grand Bey (ou grand Bé), au large des remparts, sur un ilot accessible à marée basse.