Voici les signatures de trois frères, qui figurent sur l'acte d'inhumation de leur père Louis, à Cerisiers, en 1743
Nicolas , tisserand à Cerisiers - 1707-1787
Jean , laboureur à Villechétive - 1712-1762
Louis, tisserand à Cerisiers - 1718-1759 (mon sosa 128)
Les femmes aussi savent signer. Voici Amable née en 1763, devenue marchande de liqueurs à Paris, et qui signe en 1788 lors de son mariage. La maladresse du geste nous indique qu'il s'agit probablement de l'un des seuls mots qu'Amable sache écrire.
Les signatures sont parfois des indicateurs d'autres pistes à suivre. Voici la signature d'Hortense Beau, mon arrière grand-mère, lors de son mariage à Cerisiers, en 1868
Elle est présente aussi au mariage de son fils Louis-Spérat (mon grand-père), en 1921 à Cerisiers, et sa signature laisse penser qu'elle doit avoir quelques problèmes de santé ; on dirait aujourd'hui AVC, sénilité ? Elle est morte un mois après cette cérémonie.
Un bonus grâce à Lulu sorcière : On peut consulter quelques pages de l'ouvrage "Les papiers d'un laboureur", qu'on pourra lire pour en savoir plus sur la vie d'un laboureur entre 1740 et 1780, le journal qu'il tenait et l'analyse qui en est faite. L'ouvrage est disponible soit en version papier (tradition...) soit en numérique ! C'est le laboureur qui serait content...
La p'tite phrase du jour : "En France particulièrement, les mots ont plus d’empire que les idées." George Sand
Ah l'émotion du premier qui sait signer après des générations de journaliers illetrés !
RépondreSupprimerHortense avait 53 ans, on peut en effet poser l'hypothèse d'un AVC.
Hortense, au moment de la dernière signature, avait 77 ans ;-) ce qui va encore plus dans le sens d'un AVC.
RépondreSupprimerIl arrive aussi que les signatures "sautent" une génération. Ainsi, le grand-père de Louis-Spérat, François Théodore, cultivateur né en 1811, ne sait pas signer. Alors que certains de ses frères savent. Et que son père et son grand-père savent aussi.
Oh oui pour sur, voilà quand on commente sans avoir les yeux en face des trous ;-)... La différence de qualité de signature entre les trois frères est très intéressante. Que sait-on de l'aisance et l'automatisation de l'écriture en fonction de l'âge de l'apprentissage ?
RépondreSupprimerIl en va de l'écriture comme de tous les apprentissages : plus il est tardif, plus il est... périlleux et difficile. Mais il est lié aussi aux capacités individuelles, à l'investissement personnel, aux aléas de la vie : il fallait un courage et une détermination sans faille à une jeune ouvrière de filature qui apprenait à lire et à écrire après de longues journées d'un travail harassant, ou à un "manouvrier" après le travail de la terre. J'y reviendrai ;-)
RépondreSupprimerCertes, et la signature était souvent le seul mot appris, l'usage en était rare et les apprentissages aléatoires. Mais quid d'études neurophysiologiques (la science est mon dada) concernant l'automatisation de l'écriture en fonction de la tranche d'âge(enfant, ado, jeune adulte, adulte, senior) à contextes comparables chez les analphabètes d'hier et/ou d'aujourd'hui? C'est son fils normalien (à l'époque on l'on trouvait encore des échelles sociales à grimper)qui apprend à lire à mon grand-père, petite, j'adorais ses longues lettres dont l'écriture enfantine ajoutait à notre complicité orthographique, un étonnement esthétique...
RépondreSupprimerVoilà qui pourrait faire l'objet d'une thèse de médecine ou d'un mémoire de psychomotricité ;-)
RépondreSupprimerAlors en attendant de trouver un lien qui réponde en totalité à ta question, j'ai trouvé un lien qui me semble une petite merveille de lecture "les papiers d'un laboureur". Je vais ajouter ça à l'article du jour :-)