jeudi 11 avril 2013

J comme... Jeugny

Je n'avais pas de grenier dans lequel fouiller, pour tenter d'y trouver la trace de mes ancêtres. Peu de photos, aucune correspondance ancienne... pas de traces. Et surtout personne pour transmettre l'histoire de ma famille, pour évoquer les souvenirs.

Finalement, les photos les plus anciennes que je possède m'ont été données par mon oncle Jean, dont j'ai déjà parlé sur ce blog, qui est un oncle par alliance, donc avec lequel je n'ai pas de "lien de sang". Mais c'est sans doute de lui que j'ai entendu le plus de récits de l'ancien temps, du début du 20e siècle qu'il a vécu auprès de sa grand-mère, dans un petit village aubois, Jeugny.

Jean Baptiste "Adolphe" Boulard épouse Marie Louise Lamblin à Champreneaux, en Côte d'Or le 1er octobre 1860. Il est instituteur. C'est l'arrière grand-père de Jean, et pas son grand-oncle comme je l'ai écrit dans l'article E comme école !


Leur fille unique Maria "Anna" Emélie Boulard épouse Louis "Henri" Jeanny le 3 janvier 1895 à Saint-Phal, au sud de l'Aube. Il est clerc de notaire, elle est receveuse des postes. Les deux photos sont étonnamment proches, par les attitudes, les costumes, et pourtant ce sont bien deux couples différents.


En 1896, naît leur première fille, Suzanne, c'est l'adorable bébé qu'Anna porte ici sur ses genoux.


Anna est donc receveuse des postes à Saint-Phal. Elle pose maintenant devant la poste, avec ses deux filles, Suzanne, et Emma, qui est née en 1905.


La famille déménage ensuite à Jeugny, village tout proche, où Anna travaille désormais. Voici ses deux filles, Suzanne à gauche, Emma au centre, devant la poste de Jeugny, avec une camarade de classe.


Le 21 mai 1918 à Jeugny, la jolie Suzanne épouse Louis Stock, tailleur d'habits de 20 ans, qui venait d'Alençon. Il est mobilisé et part pour le front juste après leur mariage.


Le 30 août 1918, le caporal Louis Stock du 366e régiment d'infanterie meurt au Bac d'Ablincourt, dans l'Aisne lors d'une bataille particulièrement meurtrière. Ils auront été mariés 3 mois....

Trois ans plus tard, des soldats en garnison à Jeugny... Un fringant capitaine, François J.... (4e en partant de la gauche) fit tourner la tête de la belle Suzanne (à droite).


Suzanne, au centre, tient mon oncle Jean sur ses genoux ; sa mère Anna est à ses côtés, sa soeur Emma debout à gauche.


Suzanne mourut à 29 ans, sa soeur Emma à 25 ans. Jean fut élevé par sa grand-mère devenue veuve, qui s'occupa de lui toute sa vie, jusqu'en 1949 date de sa mort. Elle avait 86 ans. Sa maison existe encore, ainsi que l'école. Elles n'ont pas du tout changé, pas plus que le lavoir, où la voisine d'Anna lui demandait : "Dites-voir Mâme Jeanny, vous viendriez prendre un tilleu' avec moi ?"...


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8 commentaires:

  1. Voilà un billet bien illustré et quelle chance d'avoir cet tonton Jean pas avare d'anecdotes, de récits de ce temps-là.
    Merci Odile,
    bises

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    1. Je crois qu'une partie de lui est restée à cette époque-là... ou bien que son enfance est restée en lui, ce qui revient au même ! Il a toujours un grand plaisir à évoquer sa grand-mère, son école et les voisines qui venaient chez eux. Bonne soirée Annick.

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  2. Quel joli récit, je me suis laissée porter par l'histoire. J'aime beaucoup les photos.

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  3. C'est bien que l'oncle Jean se souvienne et raconte encore !!! J'aime beaucoup ces photos couleur sépia qui donne tant de "sérieux" à la vie d'antan !
    GROS BECS Odile.

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    1. Oui moi aussi je les aime bien. Je sais qu'on peut désormais les "restaurer" (ou trafiquer les neuves pour faire croire qu'elles sont anciennes !) mais je préfère les garder telles qu'elles sont. Je surveille juste pour qu'elles ne s'effacent pas trop... Bises Marité.

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  4. Moi j'aime beaucoup ces généalogies auxquelles on s'accroche alors qu'on n'a aucun lien de sang, comme tu dis. Adopter des ancêtres, voilà ça c'est bien. C'est rendre hommage à l'histoire de ceux qui nous ont façonné autrement que par l'hérédité, c'est partager leur héritage qui n'est pas leur hérédité. C'est se libérer de la notre d'hérédité.
    Je viens de lire deux billets sur l'hérédité, je ne sais pas si je suis très très claire.
    Tonton Jean, je le connais bien, je l'aime beaucoup, tu pourras lui redire, mais il le sait. Je sais qu'il le sait, je veux bien l'adopter lui aussi, il me plait bien et tout ce qu'il porte en lui !
    bises Odile et bises à Tonton Jean !

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    1. Bien sûr Lulu, parce qu'ici il n'y a aucune obligation, juste le choix de le faire, s'y intéresser, devenir dépositaire des photos, des livres anciens, mais aussi savoir qui est dans les tombes et à quel endroit, tout cela a une importance, ô combien. D'autant plus s'il n'y a pas de descendance "de sang" ;-) Et transmission aussi, des anecdotes, des expressions, que mes enfants connaissent désormais autant que moi !
      Et bien sûr qu'il le sait Tonton Jean que tu le connais. La première fois que j'ai parlé de lui sur ton blog, j'avais imprimé l'article, et lui, ses yeux écarquillés d'étonnement : "mais alors, je suis sur internet ?!"... Et depuis je lui imprime tous les articles qui parlent de lui, avec à chaque fois le même résultat : les larmes !

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