Dans ma géographie familiale, il y a aussi Courgis. C'est un autre petit village de l'Yonne, du côté d'Auxerre cette fois. Un pays de vignes... et de chablis ! Mes ancêtres y furent presque tous vignerons bien sûr. Parmi eux, Aurélie Desgranges, une autre de mes arrière-grands-mères. D'elle aussi j'ai une photo, unique. Bien sûr elle est floue, bien sûr elle est prise de très loin... mais sans elle, il n'y aurait pas de trace d'Aurélie !
Elle est née le 9 avril 1874 à Courgis, et épouse à 19 ans l'un des nombreux Rétif de Courgis, Alexandre, vigneron de son état. Elle a déjà deux filles, dont ma grand-mère Germaine Rétif, lorsque son mari meurt le 7 novembre 1902, à 34 ans. Moins d'un mois plus tard, le 3 décembre, naît son troisième et dernier enfant, René Alexandre.
De cette mort prématurée d'Alexandre, je ne sais rien. Peut-être les archives municipales m'en apprendront-elles plus, un jour... Peut-être la mémoire des anciens de Courgis a-t-elle gardé la trace de ce drame... On ne m'en a rien dit jusqu'ici. Aurélie s'est remariée avec un autre vigneron, Anastase, en 1908. Le Président de la République, Armand Fallières, leur accorde une dispense, car Aurélie épouse son beau-frère, veuf de la demi-soeur d'Aurélie, Marie Julie. A cinquante ans, en 1925, Aurélie est veuve à nouveau. Elle restera jusqu'à sa mort, en 1946, dans sa petite maison de Courgis, qui existe encore et que j'ai pu découvrir il y a quelques années grâce à Isabelle N., mon irremplaçable cousine, mémoire encyclopédique de Courgis.... et de bien d'autres lieux.
Comme mon grand-père Gaston, dont je vous ai parlé à la lettre A, le grand-père d'Aurélie, Alexandre Desgranges, dit Ebouleau, bûcheron, a été abandonné à sa naissance en 1822 à Paris. Toujours grâce à Isabelle, j'ai eu accès à son dossier d'abandon. Je me lancerai, un jour prochain, sur cette piste-là...
Mais la vie d'Aurélie, et les souvenirs des courgisiens qui l'ont connue, rejoignent mon histoire familiale... Lorsque j'ai commencé les recherches sur Courgis, dont j'ignorais tout, certains anciens du village se souvenaient d'Aurélie, qu'on appelait toujours, suivant la coutume du village, Aurélie Desgranges, de son nom de jeune fille, et non pas Aurélie Rétif du nom de son mari... Ce sont des précurseurs, à Courgis ! "Mais oui Aurélie Desgranges et sa famille, on faisait les vendanges avec eux. Il y avait un petit garçon avec un oeil crevé" .... Et ce petit garçon à l'oeil crevé, c'était mon père Pierre, qu'un silex avait définitivement blessé, à l'âge de 6 ans.
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Merci Odile pour ce billet. Les anciens du village, leurs peu de mots, leurs pointillés sur les douleurs.
RépondreSupprimerLes remariages entre veufs sont fréquents, le disparu garde sa place,que personne n'efface, ce sont les familles recomposées de l'époque.
Bises.
Les mots que j'ai pu entendre viennent en fait d'autres familles que la mienne... qui ne savaient pas que j'étais concernée ! Sans doute se seraient-ils tus s'ils l'avaient su :-) Bien sûr, le siècle n'a rien inventé et les remariages étaient fréquents... pas pour les mêmes raisons, et les relations par exemple entre mère et belle-mère étaient facilitées... par le fait que l'une des deux était défunte ;-)
SupprimerDis-moi ma p'tite Lulu :-)) Je reviens sur "les échanges fructueux"... que personnellement j'ai bien du mal à voir et j'en suis frustrée. Et pourtant ce matin j'ai lu quasiment tous les articles par l'intermédiaire de pearl (c'est bien foutu ce truc). Pourrais-tu en privé m'envoyer une copie d'écran d'échanges avec twitt, si c'est possible, que je VOYE ce que ça donne :-))) et que je décide ensuite ??? Bises généatwittées.
C'est super de retrouver des photos, c'est ce qui me manque le plus pour les miens !
RépondreSupprimerBonne journée!
Bises toujours gelées
Encore la neige Martine ! "Mais y'a personne là-haut ???" (Jean de Florette !!) Les photos, pour beaucoup d'entre elles, j'ai eu bien du mal à les obtenir. Elles étaient "détenues" (c'est bien le mot !) par l'une de mes tantes, qui en interdisait l'accès à... tout le monde. Le temps faisant son oeuvre, je pense que dans les années qui viennent j'aurai accès à d'autres photos... Ce qui est dommage c'est qu'à ce moment-là il n'y aura plus personne pour m'expliquer qui y figure ! Bises.
SupprimerPas mal la comparaison avec les familles recomposées de notre époque. Mon grand père paternel s'est marié deux fois : deux enfants avec la première épouse et quatre (dont mon père, avec la seconde). Mon grand père s'est également marié deux fois puisqu'au décès de ma grand'mère lors de l'accouchement de son troisième enfant, il a pris une seconde compagne dont il a eu 2 garçons? ou bien ??? nous n'en avons jamais rien su, secret familial ma mère ne voulant plus voir ce père qui l'avait abandonnée à l'orphelinat.
RépondreSupprimerEncore un point commun, Annick ! Je parlerai bientôt de l'orphelinat, où ma mère et ses frères et soeur ont passé leur jeunesse également. Les recompositions familiales ne se passaient pas toujours dans la tendresse... Bises chaleureuses.
Supprimerc'est bien de retracer toute une généalogie...
RépondreSupprimerOui Josette. Et ce challenge (dont ce n'est que le début, il y en a jusqu'à la fin avril !!) me donne l'occasion, à la fois de montrer mes recherches, notamment à ma famille, mais aussi de me rendre compte moi-même de leur avancée. Il m'arrive d'être épatée par tout ce que j'ai trouvé ! Bonne fin de journée.
SupprimerEt bien Aurélie n'a pas trop été gâtée par la vie !!!
RépondreSupprimerOn se passionne pour tes histoires Odile. Merci !
GROS BECS
C'est vrai Marité, et je crains que ce ne soit encore le cas pour d'autres histoires que je vais raconter. C'est sans doute que les malheurs (à travers les actes de décès notamment) sont beaucoup plus "criants" dans les registres que les bonheurs du quotidien. Allez, pour nous ça va, bonne soirée, bises ;-)
SupprimerChablis, du sauvignon comme chez moi ;-).
RépondreSupprimerSinon j'ai moi aussi un exemple de naissance juste après le décès du père. Je n'ose imaginer comment ces femmes pouvaient tout gérer !
Bon courage pour la suite du challenge !
Oui Elodée, j'avais remarqué les similitudes. Sans aide extérieure, c'était probablement impossible, d'où le remariage assez proche. A bientôt pour le E !
SupprimerQuel challenge et que c'est passionnant de te lire .Je pense que de nous le transmettre te fait mesurer le chemin parcouru et peut-être remettre encore de l'ordre dans toutes tes donnés?
RépondreSupprimerBises du soir
C'est exactement ça Brigitte. Je me dis "mais j'ai déjà trouvé tout ça... pas mal quand même" :-) Bonne soirée à toi et à demain pour le E !
RépondreSupprimerToujours une joie de lire les articles Odile, superbe écriture, et beaucoup d'émotions.
RépondreSupprimerPetite suggestion pour connaitre les raisons du décès d'Alexandre en 1902, la presse locale qui relate les faits divers de 1902....
En tout cas, vivement demain :)
Merci beaucoup Fred. Ce challenge est vraiment une excellente idée, pour connaitre d'autres univers, d'autres façons de faire. La presse locale, c'est aussi aux AD qu'on peut la trouver ? Ou bien directement en contactant les journaux locaux peut-être ? Je vais me pencher là-dessus ! Oserais-je ajouter que rien que pour ça (enfin presque) j'ai hâte d'être à la retraite !! (mais c'est pas demain la veille). Bonne journée.
SupprimerOui oui directement aux AD....La Vienne a eu l'excellente idée de les mettre en ligne de 1773 a 1940, je dois dire que ca regorge de pépites, et ça peut aider :)
Supprimerpour la retraite, j'ai aussi un peu de temps :)
Bon, je vais me programmer une visite aux AD d'Auxerre alors. Merci des conseils Fred.
SupprimerQuelle chance d'avoir une photographie de son arrière grand-mère ! Et quel plaisir de pouvoir faire revivre ces ancêtres le temps d'un post...
RépondreSupprimerC'est vrai, et c'est l'occasion de mesurer tout le chemin parcouru depuis le début de mes recherches. C'est aussi un grand plaisir de découvrir les univers des autres participants ! A bientôt.
SupprimerJe découvre aussi cet article, j'ai du retard dans mes affaires... Odile, j'aime beaucoup tes photos et ton style, tu devrais te lancer dans la narration d'histoire de familles !
RépondreSupprimerOh merci beaucoup Hervé ! J'aime l'écriture en effet, mais tout cela demande tellement de temps... Et pour le moment je ne peux le faire qu'après mon travail, alors ce sera pour une autre vie peut-être ou alors pour une autre période de ma vie. Je vais découvrir avec plaisir aujourd'hui ce que nous réserve la lettre M, de l'autre côté de l'Atlantique ! A bientôt.
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