lundi 27 juillet 2009

Vincent

Le 27 juillet 1890, celui qui signait ses toiles d'un simple "Vincent" se dirigeait vers les champs qu'il avait si souvent peints... Revenu à l'auberge Ravoux, il mit deux jours à y mourir, veillé par ses quelques amis, et par son frère Théo.
C'est le Vincent de Zadkine qui nous accueille, dans le parc Van Gogh, à Auvers-sur-Oise.



L'Auberge Ravoux, "chambres meublées", à la fin du XIXe siècle...



et aujourd'hui, classée monument historique.



La "petite maison des amis", derrière l'auberge. Van Gogh le solitaire n'eut que peu l'occasion de la fréquenter.


Sous les toits, la minuscule chambre. La photo a été prise avant que je n'apprenne qu'il est interdit de prendre des photos... tant pis. Je la laisse pour témoigner de l'émotion que j'y ressens toujours.



Par la lucarne, l'âme de Vincent...

La maison du Docteur Gachet, encore aujourd'hui un hâvre de paix. Le ténébreux Vincent s'était fâché avec lui quelques jours avant sa mort... ce qui peut-être contribua à son désespoir.




Le jardin de la maison Gachet, dans sa luxuriance apaisante...

... Mademoiselle Gachet dans son jardin à Auvers sur Oise (Musée d'Orsay)


Roses trémières au pied de l'église d'Auvers


Plaine près d'Auvers avec ciel nuageux, juin 2009

"Plaine près d'Auvers avec ciel nuageux" juin 1890



Deux frères, réunis par la folie et par la mort, Vincent juillet 1890 - Théo janvier 1891


Il est des peintres que j'aime, qui me touchent, les impressionnistes particulièrement, Monet, Morisot, Renoir.... Aucun ne m'émeut comme Van Gogh, que je sens physiquement présent chaque fois que je suis devant une de ses toiles. Sa fragilité, son désespoir, son incapacité à vivre en société, mais aussi son enthousiasme enfantin lorsqu'il évoque une toile... tout me parle, entre en résonance... forcément.

Un jour, à Saint-Rémy de Provence, j'entre dans une cave-musée. Un diaporama des oeuvres de Van Gogh est projeté sur le mur du fond, occupant tout l'espace. Mon petit bout de fille de 18 mois, dans sa poussette, lève la tête vers cette lumière : "Oh, beau !". C'était ça :


Nuit étoilée (cyprès et village) - (MOMA New York)
Une petite touche pour Colibri et Brigitte : "... Je veux maintenant absolument peindre un ciel étoilé. Souvent il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour, coloré des violets, des bleus et des verts les plus intenses. Lorsque tu y feras attention tu verras que de certaines étoiles sont citronnées, d'autres ont des feux roses, verts, bleus, myosotis. Et sans insister davantage il est évident que pour peindre un ciel étoilé il ne suffise point du tout de mettre des points blancs sur du noir bleu..." (Vincent Van Gogh à sa soeur Wilhelmina, septembre 1880)

Nuit étoilée sur le Rhône - 1888 (Musée d'Orsay)
Le texte du jour : "...J'ai trouvé dans le Docteur Gachet un ami tout à fait et quelque chose comme un nouveau frère, tellement nous nous ressemblons physiquement, et moralement aussi.... J'irai passer toutes les semaines une ou deux journées chez lui, à travailler dans son jardin, dont j'ai déjà peint deux études, l'une avec des plantes du midi, aloès, cyprès, soucis, l'autre des roses blanches, de la vigne et une figure, puis un bouquet de renoncules. Avec cela, j'ai un plus grand tableau de l'église du village - un effet où le bâtiment paraît violacé contre un ciel d'un bleu profond et simple, de cobalt pur, les fenêtres à vitraux paraissent comme des taches d'outremer, le toit est violet et en partie orangé. Sur l'avant-plan un peu de verdure fleurie et du sable ensoleillé rose. ..." Vincent Van Gogh à sa soeur Wil, le 5 juin 1890.

21 commentaires:

  1. Merci pour cette ballade avec Vincent.
    PP

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  2. Quel beau salut à cet artiste, sous l'angle de tes photos d'une grande sensibilité, on perçoit presque ton émotion profonde à travers le dépouillement de la chambre, la fenêtre dans la pénombre sur l'extérieur plein de lumière ! J'ai toujours un faible pour les âmes tourmentées, donc, forcément pour Vincent, même si ses couleurs chaudes ne... m'impressionnent pas !!! En revanche, j'adore cette nuit étoilée... à cause du bleu, ma couleur fétiche. Cela dit, curieusement, son bleu est... "chaudement" lumineux. J'aime aussi les contradictions ! Merci pour la visite, Odile. Bonne journée.

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  3. Merci Odile d'oser te dévoiler ainsi ...Ton émotion est perceptible lorsque tu évoques Van Gogh et les lieux ou il vécut .
    Une de mes photos préférées est celle de la courette pleine de verdure et son salon de rotin qui évoque pour moi se joyeux souvenirs de vacances ... (curieuses associations parfois !!!)
    Que dire des toiles que tu nous montres sinon qu'elles me parlent beaucoup, elles aussi .Et que comme Coliori je trouve merveilleuse la nuit étoilée et d'un bleu chaudement lumineux
    Bonne journée ,Odile

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  4. Ces toiles, vingt, cent fois forcément notres.

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  5. Ton père aussi était artiste Odile ?

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  6. J'aurais tendance à répondre "Malheureusement non", mais quand on connaît la vie difficile de beaucoup d'artistes...

    Avant que la maladie ne l'entraîne sur d'autres chemins, mon père exerçait un art plus populaire et plus terre à terre : la pâtisserie ;-). Si point commun il y a avec Van Gogh, ce serait plutôt dans la difficulté à maintenir une vie sociale "normale" et la fréquentation de certains établissements de santé.

    Disons qu'à travers cette fragilité, je me sens en terrain (re) connu. Reste que c'est sa peinture et la sienne seulement qui m'émeut à ce point. Pas celle de tous les peintres ou artistes tourmentés... qui sont quand même assez nombreux :-).

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  7. Je vois Colibri, Brigitte, Lulu, que je ne suis pas la seule à apprécier...

    J'ajoute un texte ecrit par Vincent lui-même (il était autant écrivain que peintre, cet homme-là) à propos d'une autre nuit étoilée. Il a la même impression que vous sur ses couleurs ;-))

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  8. Merci, Odile, pour cette superbe Nuit étoilée sur le Rhône, qui est mon préféré (air+eau, pour un verseau, c'est trop trop trop... Bleu+jaune pour un colibri, que de couleurs pleines de folie : bôônheûûr total !!!

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  9. Ah Merci, c'est sublime et je trouve dans cette nuit de quoi faire de beaux et doux rêves pour la nuit prochaine ...
    "Des étoiles citonnées",comme l'expression est jolie
    Belle journée
    Brigitte

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  10. " .J'ai un besoin terrible de religion alors je vais la nuit dehors peindre les étoiles "
    C'est Vincent qui l'écrit à son frére Théo et N'est ce pas cette recherche éperdue qui le méne à la folie , ce besoin de croire, inassouvi .
    Tu sais sans doute Odile que le musée d'orsay avait organisé une exposition il y a au moins 10 ans regroupant les oeuvres de Millet et celles de Van Gogh mais l'éléve a sublimé le maître et c'est justement cette folie qui donne aux toiles de Vincent l'emotion à l'état brut .

    Chez Van Goh , tout est à fleur de peau parce que l'artiste a envahi l'homme et c'est sans doute pour ça que sa peinture émeut autant car elle est le reflet de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus complexe.

    Les impressionnistes sont mes peintres préférés pour l'emotion qu'ils transmettent .
    Van Gogh ,c'est souvent l'explosion des couleurs parce que quelque part il souffre plus fort que les autres .
    Quand j'ai envie de me reposer , je vais jeter un oeil du côté de Monet et de ses Nymphéas .

    Merci pour cette jolie ballade qui m'adonné envie d'aller revoir Vincent , Claude et les autres .

    Christine

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  11. C'est un plaisir de te faire plaisir, Colibri :-)

    Oui Brigitte, l'expression est très jolie, et c'est à cause de mots comme celui-là que je dis que Van Gogh était autant écrivain que peintre. Il décrit parfaitement bien (en mots simples, et pas en analyses pseudo-savantes comme on l'a vu ensuite... par d'autres que lui) les mondes qu'il crée et pourquoi il le fait. Sa correspondance est d'une grande richesse.

    Merci Christine pour tes impressions ;-) il y a des tas d'explications possibles à la maladie de Van Gogh, et les avis sont même partagés sur ladite maladie. Pour ma part, il est vrai que j'y reconnais (dans la description qu'il en fait lui-même) certains traits qu'on retrouve dans les troubles bipolaires (psychose maniaco-dépressive). Les crises mystiques peuvent être l'un des symptômes de la psychose MD, autrement dit la conséquence et pas la cause...

    Mais on a à peu près tout dit sur cette maladie, y compris qu'elle était due à l'absinthe ou au plomb de ses peintures. Y compris aussi que c'était son traitement qui lui faisait voir les couleurs telles qu'il nous les représente...

    Beaucoup de délires/dérives ou hypothèses dans tout ça, sans doute.

    Heureusement, il nous reste SA peinture et SA correspondance.

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  12. Très intéressants, tous ces commentaires, Odile, Christine, sur la complexité de l'âme humaine : entre la conséquence et la cause, il y a aussi les effets... Difficile de toujours faire la part des choses entre les trois et de ne pas confondre..., même pour les blouses blanches, d'où les dérives de certaines pratiques thérapeutiques... C'est sûr que souvent ses oeuvres échappent à l'artiste. Tout aussi complexe, cette question de représentation, d'où nécessité d'interprétation...

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  13. Un échange trés intéressant effectivement comme tu le dis Colibri.
    Si j'ai cité cette phrase de Van Gogh , c'est parce que c'est une de celle qui m'interpelle le plus .
    Peut-être parce que ,si je savais peindre les étoiles , j'aurais pu l'écrire .
    Maintenant Odile , il est effectivement tout à fait possible qu'elle ne soit qu'une conséquence de sa maladie et pas une cause .
    Il y a une question que je me suis toujours posée : l'extrème sensiblité , la perception trop intense des choses ne sont elles pas une forme de déséquilibre qui expliquent pourquoi certains artistes ou certaines personnes basculent vers la folie .
    Les êtres trop complexes(ceux que l'on peut qualifier de torturés) ne sont ils pas plus fragiles et mentalement moins aptes à affronter la cruauté de la vie .
    Un vaste débat je pense ....

    Christine .

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  14. MERCI, Odile d'être venue me faire un coucou.
    Je feuillette tes pages et forcément je me suis arrêtée sur celle-ci. Moi, aussi j'aime Van Gogh et connais Auvers sur Oise. Sa correspondance est troublante et profondément attachante.
    Belle soirée. A bientôt.

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  15. Merci à toi Marité et bienvenue aux Cerisiers. Troublant, oui, et comme je l'ai écrit quelque part, je trouve que Vincent écrivait aussi bien qu'il peignait.

    Tu retrouveras aussi, dans un récent message, un certain facteur qui est chez toi également ! Ca me semblait tomber à pic pour illustrer l'actualité ;-)... même si les temps ne sont pas à la rigolade.

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  16. Je découvre cette page ..
    Je suis un fervent admirateur de Van Gogh depuis très longtemps et collectionne tout ce qui a trait à lui .
    Un grand merci pour votre travail qui me fait très plaisir !
    La photo de l'intérieur de la chambre avec la modeste chaise de paille est particulièrement émouvante !

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  17. Merci Jean. Lieu très émouvant en effet, par son dépouillement même.

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  18. Je n'avais pas vu ce billet vu que j'étais déjà partie en vacances ... je suis également une admiratrice de Van Gogh, de son oeuvre, de l'homme...
    Merci encore une fois ...

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  19. Magnifique cet article ! Quel bel hommage à mon peintre préféré !
    Merci !

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    1. Merci Ghislaine. Encore un point commun alors ? Ce n'est pas très loin, mais il y a un moment aussi que je ne suis pas allée à Auvers. Encore une promenade à prévoir (mais c'est moins loin que Rome, c'est plus facile !) A bientôt.

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