Retour à Nogent-sur-Seine !
Jolie petite ville pas si loin de Paris
(et facilement accessible en train) célèbre pour… son Musée Camille Claudel ;-)
Dans mon enfance, c’est une ville que je ne faisais que traverser, pour aller à
Troyes. Je me souviens d’une halte en pleine ville, et d’une grande boulangerie
où les pains au chocolat étaient délicieux ! Désormais la rocade contourne
la ville (on sait tous pourquoi – un grand panache de fumée est visible à plus
de trente kilomètres). J’y suis allée quelquefois depuis l’ouverture de ce
musée, en 2017. Et j’ai l’impression que la ville se fait plus vivante, plus
pimpante. Elle mérite qu’on s’y arrête ou qu’on vienne jusqu’à elle : les
grands moulins, l’église Saint-Laurent, le pavillon Henri IV, mais aussi les
très nombreuses sculptures du cimetière !
Car Nogent est ville de sculpteurs ! Avant Camille, le plus célèbre était
Alfred Boucher, connu pour être à l’origine de la Ruche à Paris (j’en ai déjà
parlé ici, j’y reviendrai un jour car une exposition temporaire lui était
consacrée cet été). Boucher a été le « découvreur » de Camille, son
premier professeur et celui qui l’a présentée à Rodin.
Cet automne, l’exposition temporaire est consacrée à l’une des créations phare
de Camille, la seule qui lui apporta une récompense au fameux « Salon »
en 1888, SAKOUNTALA. Cette œuvre (monumentale,
à l’échelle de Camille Claudel) sur laquelle elle a énormément travaillé,
écrit, espéré, est celle sur laquelle on dispose le plus de versions, d’études,
d’analyses et de documents . L’exposition a pu être réalisée grâce bien
sûr aux collections du Musée Camille Claudel, mais aussi des musées Rodin,
Orsay, Chateauroux, de la Bibliothèque Nationale de France.
Camille a composé divers
groupes très semblables, mais auxquels elle donnait des noms différents,
ajoutant quelques variations, faisant varier aussi le matériau utilisé :
plâtre, bronze, marbre… Sakountala, l’Abandon,
Vertumne et Pomone… Parfois une partie de sa sculpture l’inspire à nouveau et
devient autre : La femme du groupe « Sakountala » devient « Niobide
blessée ». Ou dans le groupe poignant « l’âge mûr » la jeune
femme séparée du groupe devient « l’implorante ».
Le devenir de « Niobide blessée » est symptomatique du destin de
Camille elle-même : le bronze commandé en 1905 est retrouvé au fond du
bassin d’un parc privé, à Toulon en
1984, dans un état déplorable. Il faudra
une longue restauration pour qu’il puisse à nouveau être présenté au public.
Les commentaires consacrés à Camille Claudel, sur les réseaux sociaux (y
compris par exemple la page du Musée de Nogent) font, à mon sens, toujours la
même erreur : sans connaitre vraiment son histoire, l’accent est mis le
plus souvent sur le rôle de Rodin, qui l’aurait conduite à sa perte. Parfois
aussi (plus modérément) sur l’indifférence de son frère. C’est très loin de la vérité à mon avis.
Comme souvent dans une situation si complexe, les causes sont multiples et la
maladie mentale bien présente, qui emporta tout. Y compris beaucoup de ses œuvres,
qu’hélas elle détruisit elle-même.
En revanche, je n'y fais pas figurer "Une femme" d'Anne Delbé, que j'ai relu récemment et qui m'a beaucoup agacée. Plus une fiction qu'une biographie.
Niobide blessée