mardi 30 décembre 2014

Le temps du chagrin

Je ne peux laisser cette année se clore sans parler de lui ici, aux Cerisiers de l'Aube. J'y pense depuis plusieurs mois, sans avoir pu, jusqu'à ce jour écrire ces lignes.

Ce n'est que justice de lui faire une place, car Christian était le seul lecteur assidu de toute ma famille, même s'il n'est jamais intervenu dans les commentaires. Particulièrement intéressé par nos racines familiales, il ne manquait pas une occasion cependant de moquer mes "lubies", qu'il s'agisse de généalogie, de chats, de photos.... J'avais réuni quelques photos pour son anniversaire ici



Pour Noël 2013, soucieuse du temps qui passe pour nous tous et plus particulièrement (je le croyais) pour les anciens, j'avais insisté pour que nous nous retrouvions, tous les cinq, autour de notre mère, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. J'avais préparé à cette occasion un tableau des photos du "groupe des cinq", depuis la naissance du petit dernier en 1964.  Deux filles d'abord, trois garçons ensuite,  de caractères très  différents, presque aussi différents que leurs destinées... Qui ont eu l'intelligence pourtant, chaque fois qu'ils se sont retrouvés, de mettre de côté ces différences pour reformer la fratrie. J'étais fière de nous, du groupe que nous formions...



Il est des destins bien plus lourds que d'autres, on ne sait pourquoi le sort s'acharne parfois sur ceux qui ne l'ont pas mérité ... J'avais évoqué ici ce qui fut le drame principal de sa vie. Ce ne fut hélas pas le seul.




Après le temps de l'enfance, qui ne fut jamais celui de l'insouciance, après le temps de la maturité qui ne fut pas sans souffrance, voici venu le temps du chagrin.



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Christian était un gentil, dans un monde qui n’a d’estime que pour les loups.
Christian était un fragile dans un monde qui ne reconnait que les conquérants.
Il aimait Aragon et Prévert. Il pouvait regarder « Les Vieux de la Vieille » pendant des heures, citer les répliques d’Audiard pendant toute une soirée. Il avait un don pour la cuisine, trop nonchalant pour exploiter ce don. Il parlait souvent comme Bérurier, alors qu’il n’aimait lire que les poètes.

Trop de larmes contenues lui ont fait perdre le chemin. Ses larmes d’enfant, ses larmes de mari, ses larmes de père.
Trop de mains tendues qu’il n’a pas voulu prendre.
Trop de drames pour un seul homme,
Trop de malheurs pour un seul cœur.

Aujourd’hui je veux croire qu’il  existe quelque part un domaine plus serein, où tu as retrouvé ta fille Elsa, et où, enfin apaisé, tu nous attendras, préparant un saumon aux p ‘tits légumes, dégustant Aragon en écoutant Boby Lapointe.
Pardon Christian de n’avoir pas su t’aider davantage, pardon d’avoir renoncé.

On se retrouvera mon frère, dans les vers de Prévert, dans tes recettes de cuisine, dans les Tontons flingueurs et les airs de Boby Lapointe, on te retrouvera.
 Au revoir Christian.

Ecrit et dit pour Christian, à Saint Ouen l'Aumône, le 17 septembre 2014


10 commentaires:

  1. La fin de l'année et c'est toutes les émotions qui reviennent avant de tourner une page sur le livre de notre vie...les pages s'accumulent et les souvenirs sont écrits pour toujours, des tristes, des regrets mais aussi des sourires d'enfants.
    Je pense à toi Odile

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  2. Pensées affectueuses pour toi Odile.

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  3. Beaucoup de tristesse dans ce billet ,mais c'est certain vous vous retrouverez ...Je pense à toi et je t'embrasse ,Odile

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  4. Une année de séparations.... une vie passe et se recommence ailleurs, autrement....la nôtre continue ici et autrement... tant que dure le souvenir, l'autre n'est pas vraiment parti...
    Comme un voyage au fond... un long voyage... il (elle) ne reviendra pas mais nous les rejoindrons...
    Pas de larmes, pas de tristesse... du chagrin oui... mais ils aimaient nous voir heureux soyons le...
    Beau futur Odile... beau futur...

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  5. Cette fin d'année ouvre le livre des souvenirs et des bilans et c'est ainsi que pour toi 2014 sera marqué...
    Je ne sais pas quoi te dire et dans ce cas là je préfère me taire
    Je t'embrasse et te dis à bientôt

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  6. Que d'émotion dans tes lignes, Odile...
    Je pense bien fort à toi, les autres mots que je pourrais écrire me semblent bien impuissants...
    Je t'embrasse très amicalement.

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  7. Trop douloureux ce départ et toujours émouvante l'écriture d'Odile ma soeur pour mon frère.
    Je suis aussi une lectrice des Cerisiers de l'Aube.
    Christine

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  8. Il est des destins si terribles, on ne sait quelle manne céleste agit ainsi.
    Mais ces proches malmenés restent dans nos coeur loin de l'oubli éternel...
    le temps fera ce qu'il a a faire, le temps saura!
    Bises
    Mamina de sclos

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  9. Je t'adresse toutes mes pensées Odile et je m'associe à ta peine.
    Grosses bises pour toi.

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  10. Une vie faite de pleins et de déliés . Un noble et beau parcours, Odile.

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